Le Centre Spirite Lyonnais Allan Kardec


DEUXIEME PARTIE
L’EXPERIENCE

CHAPITRE PREMIER
ETUDES EXPERIMENTALES SUR LE DEGAGEMENT DE L’AME HUMAINE


Une science n'est véritablement constituée que lorsqu'elle peut vérifier expérimentalement les hypothèses qui lui sont suggérées par les faits. Le spiritisme a droit au nom de science, parce qu'il ne s'est pas borné à la simple observation des phénomènes naturels qui établissent l'existence de l'âme pendant l'incarnation terrestre et après la mort. Il a employé tous les procédés pour arriver à la démonstration de ses théories, et l'on peut dire que le magnétisme et la science pure lui ont été de puissants auxiliaires pour établir la justesse de ses enseignements.
Les exemples nombreux qui existent à présent du dédoublement de l'âme, montrent que l'on doit pouvoir reproduire expérimentalement ces phénomènes ; aussi des recherches nombreuses ont été faites dans cette voie et couronnées de succès. On a donné le nom d'animisme à l'action extra-corporelle de l'âme, mais cette distinction est purement nominale, ces manifestations étant toujours identiques, soit pendant la vie, soit après la mort.
En effet, l'action de l'âme en dehors des limites de son corps ne se traduit pas seulement par des phénomènes de transmission de pensée ou d'apparitions, elle peut encore s'accuser par des déplacements d'objets matériels qui témoignent de sa présence. Alors les assistants se trouvent en face des mêmes faits que ceux produits par l'âme désincarnée.
C'est une remarque de la plus haute importance et à laquelle on ne s'est pas suffisamment attaché. Si, vraiment, l'esprit d'un homme qui vit sur la terre, sorti momentanément de son enveloppe corporelle, peut faire mouvoir une table de manière à dicter une communication par un alphabet conventionnel ; si l'esprit d'un incarné est capable d'agir sur un médium écrivain pour lui transmettre sa pensée ; si l'esprit d'un habitant de la terre peut être photographié à une grande distance de son corps ; si, enfin, il est possible d'obtenir un moulage de la personnalité extériorisée de cet individu, il est superflu d'attribuer ces mêmes phénomènes à d'autres facteurs que l'âme désincarnée, lorsqu'on les observe dans les manifestations spirites, c'est-à-dire dans celles où toute intervention d'un être vivant est impossible suivant la méthode scientifique, toutes les fois que les effets d'une cause ont été bien définis, il suffit ensuite de constater les mêmes effets pour être certain que la cause n'a pas changé.
Dans l'étude des phénomènes de spiritisme, on doit appliquer la même règle. Puisque l'âme humaine possède le pouvoir d'agir en dehors de son corps, c'est-à-dire quand elle est dans l'espace, il est logique d'admettre que sa puissance est la même après la mort, si elle survit intégralement, et si elle est en communication avec un organisme vivant, analogue à celui qu'elle possédait. Or nous savons, par des témoignages authentiques, qu'elle conserve un corps réel, mais fluidique, qu'elle n’a rien perdu de ses facultés, puisqu'elle les exerce comme jadis; donc si les faits observés de l'animisme sont tout à fait semblables à ceux du spiritisme, c'est que la cause est la même, c'est-à-dire l’âme incarnée en nous.
Cette relation de cause à effet, que nous signalions dans les cas de télépathie, nous allons la créer volontairement, de sorte qu'il ne sera plus possible d'attribuer au hasard ou à des coïncidences fortuites les phénomènes que nous produirons. En un mot, nous procéderons expérimentalement en vue d’ obtenir des résultats désignés à l'avance. Si ces prévisions se réalisent, C'est que les hypothèses d'après lesquelles ces recherches ont été instituées sont exactes.
Voyons donc les expériences qui ne permettent plus de doutes sur la possibilité pour l'âme de sortir de son enveloppe corporelle ; elles sont multiples et variées, comme nous allons le constater.
Revenons un instant aux Phantasms of the living pour leur emprunter le récit suivant, où la manifestation est consécutive à la volonté d'apparaître en un endroit déterminé.

APPARITION VOLONTAIRE

Ce cas [1] est intéressant, parce que deux personnes ont vu l'apparition volontaire de l'agent ; le récit a été copié dans un manuscrit de M. S. H. B. ; il l'avait lui-même transcrit d'un journal, sur lequel il relatait les événements qui lui survenaient quotidiennement.
« Un certain dimanche du mois de novembre 1881, vers le soir, je venais de lire un livre où l'on parlait de la grande puissance que la volonté humaine peut exercer. Je résolus, avec toute la force de mon être, d'apparaître dans la chambre à coucher du devant, au second étage d'une maison située 22, Hogarth Road, Kensington. Dans cette chambre couchaient deux personnes de ma connaissance : Mlle L. S. V... et Mlle C. E. V.... âgées de vingt-cinq et de onze ans. Je demeurais, à ce moment, 23, Kildare Gardens, à une distance de trois milles à peu près de Hogarth Road, et je n'avais parlé de l'expérience que j'allais tenter à aucune de ces deux personnes, pour la raison bien simple que l'idée de cette expérience me vint ce dimanche soir, en allant me coucher. Je voulais apparaître à une heure du matin, très décidé à manifester ma présence.
« Le jeudi suivant, j'allai voir ces dames, et, au cours de notre conversation (et sans que j'eusse fait aucune allusion à ce que j'avais tenté), l'aînée me raconta l'incident suivant :
« Le dimanche précédent, dans la nuit, elle m'avait aperçu debout près de son lit et en avait été très effrayée, et, lorsque l'apparition s'avança vers elle, elle cria et éveilla sa petite sœur qui me vit aussi. »
« Je lui demandai si elle était bien réveillée à ce moment, elle m'affirma très nettement qu'elle l'était. Lorsque je lui demandai à quelle heure cela s'était passé, elle me répondit que c'était vers une heure du matin. »
« Sur ma demande, cette dame écrivit un récit de l'événement et le signa. »
« C'était la première fois que je tentais une expérience de ce genre, et son plein et entier succès me frappa beaucoup. »
« Ce n'est pas seulement ma volonté que j'avais fortement tendue, j'avais aussi fait un effort d'une nature spéciale, qu'il m'est impossible de décrire. J'avais conscience d'une influence mystérieuse qui circulait dans mon corps, et j'avais l'impression distincte d'exercer une force que je n'avais pas encore connue jusqu'ici, mais que je peux maintenant mettre en action à certains moments, lorsque je le veux. »
«S. - H. B ... »
M. B... ajoute :
« Je me souviens d'avoir écrit la note qui figure dans mon journal, à peu près une semaine après l'événement, et pendant que le souvenir que j'en avais était encore très frais. »
Voici comment Mlle Vérity raconte l'événement :
Le 28 janvier 1883.
« Il y a à peu près un an qu'un dimanche soir, à notre maison de Hogarth Road, Kensington, je vis distinctement M. B... dans ma chambre, vers une heure du matin. J'étais tout à fait réveillée et fort effrayée ; mes cris réveillèrent ma sœur qui vit aussi l'apparition. Trois jours après, lorsque je rencontrai M. B... je lui racontai ce qui était arrivé. Je ne me remis qu'au bout de quelque temps du coup que j'avais reçu, et j'en garde un souvenir si vif qu'il ne peut s'effacer de ma mémoire.
« L. - S. Vérity. »
En réponse à nos questions, Mlle Vérity ajoute :
« Je n'avais jamais eu aucune hallucination. »
Plusieurs circonstances de ce récit sont tout à fait caractéristiques, et vont nous permettre d'asseoir notre opinion.
En premier lieu, il est bon d'observer que Mlle Vérity n'est pas un sujet magnétique, qu'elle n'a jamais eu d'hallucinations, et que sa santé est normale. L'apparition se montre à elle avec tous les caractères de la réalité ; elle est si persuadée de la présence physique de M. B... dans sa chambre qu'elle pousse un cri, lorsqu'elle le voit s'avancer vers son lit ; elle constate donc que le fantôme se déplace par rapport aux objets environnants, ce qui n'aurait pas lieu si sa vision était intérieure. À ce moment, sa sœur s'éveille, et voit aussi l'apparition.
Si l'on peut supposer, ce qui est déjà difficile, étant données les circonstances, une hallucination de Mlle Vérity, il est tout à fait improbable que la petite sœur fût aussi, en se réveillant, immédiatement illusionnées. Dans la vie ordinaire, il ne suffit pas de dire à quelqu'un : voici M. un tel, pour qu'une hallucination se produise aussitôt. Donc, puisque l'image de M. B... se déplace, qu'elle est perçue simultanément par les deux sœurs, c'est qu'elle a une existence objective, qu'elle se trouve réellement dans la chambre.
Quelles conséquences tirer de cette présence effective ?
L'hallucination étant écartée comme cause du phénomène, il nous faut admettre que M. B... s'est dédoublé, c'est-à-dire que pendant que son corps physique restait chez lui, son âme s'est transportée dans l'appartement de Hogarth Road, et a pu se matérialiser suffisamment, pour donner aux deux jeunes filles l'impression que c'était M. B... lui-même. Nous remarquerons que l'âme, dans cet état, reproduit identiquement la physionomie, la taille, les allures de l'être vivant. De plus, la distance qui sépare le corps de son principe intelligent ne paraît influer en rien sur le phénomène. Nous avons constaté que ces observations sont générales et s'appliquent à tous les cas spontanés que l'on a observés.
L'agent, ici, a pu se dédoubler volontairement. Dans le cas suivant, nous allons constater qu'il a besoin du secours d'autrui pour arriver au même résultat.

EFFETS PHYSIQUES PRODUITS PAR DES ESPRITS DE VIVANTS

Voici une autre expérience dans laquelle le double a pu témoigner de sa présence par une action physique. Il est dû à Mme de Morgan, la femme du professeur auquel on doit le livre : From matter to spirit (La matière et l'Esprit)[2] .
Elle avait eu l'occasion de traiter fréquemment par le magnétisme une jeune fille, et plusieurs fois elle mit à profit sa faculté de clairvoyance pour la faire aller, en esprit, à différents endroits. Un jour, elle eut le désir que le sujet se rendît dans la maison qu'elle habitait : « Bien, dit la jeune fille, m'y voici, j'ai frappé avec force contre la porte ». Le lendemain, Mme Morgan s'informa de ce qui s'était passé dans sa maison au même moment. «Plusieurs méchants enfants, lui répondit-on, étaient venus cogner contre la porte, et puis s'étaient sauvés. »
Dans un autre cas, l'esprit vivant qui produit la manifestation tangible est vu par un des assistants. Ce récit est dû à M. Desmond Fitzgerald, ingénieur [3]. Il raconte qu'un nègre appelé H. E. Lewis possédait une très grande force magnétique, dont il faisait la démonstration dans des réunions publiques. À Blackheath, en février 1856, dans une de ces séances, il magnétisa une jeune fille qu'il n'avait jamais vue. Après l'avoir plongée dans un profond sommeil, il lui enjoignit d'aller chez elle, et de rendre compte au public de ce qu'elle y verrait. Elle raconta alors qu'elle voyait la cuisine, qu'il s'y trouvait deux personnes occupées aux besognes domestiques.
Lewis lui commanda alors de toucher une de ces deux personnes. La jeune fille se mit à rire et dit : « Je l'ai touchée, comme elles sont effrayées ! » S'adressant au public, Lewis demanda si quelqu'un connaissait la jeune personne. Ayant reçu une réponse affirmative, il proposa qu'une députation allât au domicile du sujet. Plusieurs personnes s'y rendirent et lorsqu'elles furent de retour, elles confirmèrent en tous points ce que la jeune fille endormie avait raconté. La maisonnée était en effet sens dessus dessous et dans une profonde excitation, parce qu'une des personnes qui se trouvait dans la cuisine avait déclaré avoir vu un fantôme et que celui-ci lui avait touché l'épaule.
On peut rapprocher de cette observation celle du Dr Kerner, dans laquelle le double de la somnambule Suzanne B... est apparu au Dr Rufi, et a éteint sa bougie.
Voici des coups frappées qui ont une analogie complète avec ceux dus aux Esprits [4].
Une Mme Lauriston, de Londres, à sa sœur qui habite Southampton. Un soir que cette dernière travaillait dans sa chambre, elle entendit trois coups contre la porte : « Entrez », dit cette dame. Personne n'entra : mais le bruit s'étant répété, elle se leva et ouvrit la porte, il n'y avait personne. Mme Lauriston, qui avait été fort gravement malade, en revenant à elle, raconta que, prise d'un ardent désir de revoir sa sœur avant de mourir, elle avait rêvé qu'elle était allée à Southampton, qu'elle avait frappé à la porte de la chambre, puis qu'après qu'elle eut frappé une seconde fois, sa sœur s'était montrée dans la porte, mais que l'impossibilité dans laquelle elle se trouvait de lui parler l'avait tellement émue qu'elle revint à elle.
Il nous faudrait plus de place que celle dont nous pouvons disposer, pour exposer les nombreux témoignages que l'on possède au sujet d'actions physiques exercées par l'âme des mourants, pour se rappeler au souvenir de parents ou d'amis éloignés. On peut consulter à cet égard les ouvrages de Perty : Action à distance des mourants et le Spiritualisme moderne. Les Proceedings de la Société de recherches psychiques et les Phantasms of the living en relatent une multitude. Nous n'insisterons donc pas sur ces phénomènes absolument hors de doute[5].

PHOTOGRAPHIES DE DOUBLES

Les faits que nous avons relatés jusqu'ici établissent la réalité des fantômes de vivants, c'est-à-dire la possibilité, dans certains cas, du dédoublement de l'être humain. Cette apparition reproduit dans tous ses détails le corps physique, elle peut aussi manifester sa réalité par des déplacements d'objets matériels, et par la parole. Nous avons exposé les raisons pour lesquelles l'hypothèse de l'hallucination télépathique n'est pas toujours recevable, et si elles n'ont pas convaincu tous les lecteurs, nous espérons que les faits qui suivent suffiront pour montrer, avec une rigueur véritablement scientifique, que c'est bien l'âme qui est la cause efficiente de tous ces phénomènes.
Toutes les objections tombent d'elles-mêmes devant la photographie de l'esprit en dehors de son corps. Dans ce cas, plus d'illusion possible; la plaque photographique est un témoin irréfutable de la réalité du phénomène, et il faudrait un parti pris bien enraciné, pour nier l'existence du périsprit. Voici plusieurs exemples que nous empruntons à M. Aksakof [6].
M. Humber, spiritualiste très connu, photographiait un jeune médium, M. Herrod, dormant sur une chaise, en état de transe. On vit sur le portrait, derrière le médium, l'image astrale de sa propre personne (c'est-à-dire de son périsprit) se tenant debout, presque de profil, la tête un peu inclinée vers le sujet.
Un second cas de photographie d'un double est constaté par le juge Carter, dans sa lettre au Banner of Light, du 31 juillet 1875, et reproduite dans Human Nature, de 1875, pages 424 et 425. Enfin, un troisième cas de photographie d'un double est signalé par M. Glandinning, dans le Spiritualist n° 234. (Londres, 15 février 1877, page 76.) Le double du médium était resté à une place occupée par ce dernier, quelques minutes auparavant.

LE CAS DE M. STEAD

Le Borderland du mois d'avril 1896, page 175, contient un article de W. T. Stead sur une photographie de l'esprit d'un vivant.
Voici ce récit résumé.
Mme A... est douée de la faculté de se dédoubler et de se présenter à une grande distance, avec tous les attributs de sa personnalité. M. Z... lui proposa de photographier son double et convint avec elle qu'elle s'enfermerait dans sa chambre entre 10 et 11 heures, puis qu'elle s'efforcerait d'apparaître chez lui, dans son cabinet.
La tentative échoua, ou du moins, si M. Z... sentit l'influence de Mme A... il ne se servit pas de son appareil photographique, dans la crainte de ne rien obtenir. Mme A... consentit à recommencer le lendemain, et comme elle était indisposée, elle se coucha et s'endormit. M. Z... vit entrer le double dans son cabinet à l'heure convenue et lui demanda la permission de la photographier, puis de couper de ses cheveux pour mettre hors de doute sa présence effective. L'opération faite et la mèche coupée, il se retira dans la chambre noire pour développer la photographie.
Il y était à peine depuis une minute, lorsqu'il entendit un grand craquement qui le fit accourir. En entrant dans le cabinet, il s'y rencontra avec sa femme qui était montée vivement en entendant le bruit. Le double avait disparu. Mais l'écran qui avait servi comme fond pendant l'exposition avait été arraché de son support, déchiré en deux et jeté sur le sol. Mme A... qui était couchée dans son lit, n'avait pas, à son réveil, la moindre idée de ce qui était arrivé. La photographie de son double existe, et M. Stead en possède le négatif. Le souvenir de ce qui s'est passé pendant le dégagement de l'âme est oublié en revenant à l'état normal. Voici un autre cas où la mémoire est conservée.
Nous verrons que la pensée est une force créatrice et dès lors on pourrait imaginer que ces photographies sont le résultat d'une pensée extériorisée du sujet. Voici une expérience qui établit que cette hypothèse n'est pas exacte, puisque le double n'est pas une simple image, mais un être qui agit sur la matière.

AUTRES PHOTOGRAPHIES DE DOUBLES

Dans son livre sur l'iconographie de l'invisible[7] , le docteur Baraduc, à la page 122 (Explications XXIV bis), reproduit une photographie obtenue par télépathie entre M. Istrati et M. Hasdeu, de Bucarest, directeur de l'enseignement en Roumanie. Voici, textuellement, comment elle fut obtenue :
« Le docteur Istrati se rendant à Campana, il est convenu qu'il doit à date fixe, apparaître à Bucarest sur une plaque du savant roumain, à une distance d'environ Paris-Calais. »
« Le 4 août 1893, le Dr Hasdeu évoque l'esprit de son ami en se couchant, un appareil au pied, l'autre à la tête de son lit. »
« Après une prière à l'ange protecteur, le Dr Istrati s'endort à Campana, en voulant, avec toute sa force de volonté, apparaître dans un appareil de M Hasdeu. Au réveil le docteur s'écrie : « Je suis sûr que je suis apparu dans l'appareil de M. Hasdeu, comme une petite figurine, car je l'ai rêvé très clairement. »
« Il écrit au professeur P... qui va lettre en main et trouve M. Hasdeu en train de développer ».
« Je copie textuellement la lettre de M. Hasdeu à M. de R., qui me l'a communiquée : »
« Sur la plaque A., on voit trois essais, dont l'un, celui que j'ai noté au dos avec une croix, est extrêmement réussi. On y voit le docteur regarder attentivement dans l'obturateur de l'appareil dont l'extrémité en bronze est illuminée par la lumière propre de l'esprit. »
« M. Istrati revient à Bucarest et reste tout étonné devant son profil physionomique ; son image fluidique est très caractéristique, en ce sens qu'elle l'exprime plus exactement que son profil photographique. La réduction du portrait et la photographie télépathique sont très ressemblants. »
Pour terminer, nous rappellerons que M. le capitaine Volpi a pu, lui aussi, obtenir la photographie du double d'une personne vivante, en allant se faire photographier[8] . L'image astrale est très visible et présente des caractères particuliers, qui ne permettent pas de mettre en doute son authenticité.

MATÉRIALISATION D'UN DÉDOUBLEMENT

Le point culminant de l'expérimentation, en ce qui regarde le dédoublement, a été obtenu avec le médium Eglinton. Un comité de chercheurs dont faisaient partie le Dr Carter Blake et MM. Desmond, G. Fitz-Gerald, M. S. Tel E., ingénieurs télégraphistes, affirme que le 28 avril 1876, à Londres, ils obtinrent un moule en paraffine, reproduisant exactement le pied droit du médium, qui n'avait pas une fois été perdu de vue par quatre des assistants.
Voici l'attestation de la réalité de ce phénomène, parue dans le Spiritualist de 1876, page 300.
« Dédoublement du corps humain. Le moule en paraffine d'un pied droit matérialisé, obtenu à une séance, Great Russell street, 38, avec le médium Eglinton, dont le pied droit est visible pendant toute la durée de l'expérience, pour les observateurs placés en dehors du cabinet, s'est trouvé être la reproduction exacte du pied de M. Eglinton, ainsi qu'il résulte de l'examen minutieux du Dr Carter Blake[9]» .
L'exemple n'est pas unique ; mais il est remarquable à cause de la haute compétence scientifique des observateurs et des conditions dans lesquelles cette preuve si palpable du dédoublement a été obtenue.
Dans les expériences faites par M. Siemiradski, avec Eusapia, des empreintes de son double, sur du noir de fumée, furent obtenues plusieurs fois à Rome. Voir l'ouvrage de M. de Rochas : L'extériorisation de la Motricité.
Comment nier en présence de semblables témoignages ? Toutes les conditions sont remplies pour que la certitude s'impose avec une puissance de conviction irrésistible.
Nous recommandons tout spécialement à ceux qui dénient au spiritisme le titre de science, ces remarquables études. Elles montrent la justesse des déductions qu'Allan Kardec a tirées de ses travaux, il y a cinquante ans, en même temps qu'elles nous ouvrent les portes de la véritable psychologie positive, de celle qui emploiera l'expérimentation comme adjuvant indispensable du sens intime.
Que dire et que penser des savants qui ferment les yeux devant ces évidences ? Nous voulons bien croire qu'ils n'ont pas connaissance de ces recherches ; qu'aveuglés par le préjugé, ils en sont encore à se figurer que le spiritisme réside tout entier dans le mouvement des tables ; car s'il en était autrement, ce serait une véritable lâcheté morale de leur part, que ce mutisme qu'ils observent vis-à-vis de notre philosophie.
La conspiration du silence ne peut indéfiniment se prolonger ; les phénomènes ont eu et ont encore trop de retentissement ; les expérimentateurs, une valeur scientifique trop bien établie, pour qu'on ne se mette pas résolument à l'étude. Nous savons bien, parbleu ! Que cette démonstration irréfutable de l'existence de l'âme est la pierre d'achoppement qui nous vaut cette inimitié, ces sarcasmes, cette mise hors la science. Mais qu'ils le veuillent ou non, les matérialistes sont d'ores et déjà battus. Leurs affirmations erronées sont détruites par les faits. C'est en vain qu'ils allègueront les grands mots de superstition, fanatisme, etc. ; la vérité finira par éclairer le public, qui délaissera ces théories démodées et démoralisatrices pour en revenir à la grande tradition de l'immortalité, aujourd'hui assise sur des fondements inébranlables. Maintenant que nous avons la preuve scientifique du dédoublement de l'être humain, il sera beaucoup plus facile de comprendre les phénomènes très variés que l'âme peut produire, lorsqu'elle sort, de son corps physique.

ÉVOCATION DE L'ESPRIT DE PERSONNES VIVANTES

Communications par l'écriture.
La doctrine constante du spiritisme est que l'âme, lorsqu'elle n'est plus dans son corps, jouit de toutes les facultés dont elle dispose dans l'erraticité. Chacun de nous, pendant le sommeil corporel, reconquiert une partie de son indépendance et peut, par conséquent, se manifester. Allan Kardec a consigné dans sa Revue plusieurs exemples de ces évocations [10] :
En 1860, c'est l'esprit du Dr Vignal qui vient volontairement donner, par l'intermédiaire d'un médium écrivain, des détails sur ce mode de manifestation. Il décrit comment il perçoit la lumière, les couleurs et les objets matériels. Il ne pourrait se voir dans une glace sans l'opération qui rend l'esprit tangible [11]. Il constate son individualité par l'existence de son périsprit qui a pour lui, - bien que fluidique, - la même réalité que son enveloppe matérielle, et par le lien qui le rattache à son corps endormi.
Un autre Esprit, non prévenu, se manifeste la même année à la suite d'un appel. C'est celui de Mlle Indermulhe, sourde et muette de naissance, qui, cependant, exprime clairement sa pensée. Elle est reconnue par son frère, à certains détails caractéristiques qui établissent son identité. Sous le titre : L'Esprit d'un côté et le Corps de l'autre, dans le numéro de janvier 1860, la Revue relate l'évocation d'une personne vivante, faite avec son autorisation. Il en résulte un entretien intéressant sur la situation respective du corps et de l'esprit pendant le transport de celui-ci à distance, sur le lien fluidique qui les unit, et la clairvoyance de l'esprit attaché au corps, inférieure à celle de l'esprit dégagé par la mort. Dans ce cas encore, l'esprit emploie des tournures de phrases qui sont bien celles dont il se sert habituellement dans la vie courante.
Pour les détails, nous renvoyons les lecteurs aux numéros cités de la Revue. Ils pourront se convaincre qu'il y a quarante ans déjà que les phénomènes de l'animisme ont été très bien étudiés ; qu'il n'y a pas lieu de les séparer des phénomènes spirites proprement dits, puisqu'ils sont dus tous deux à la même cause : c'est-à-dire à l'âme.
On peut évoquer également l'esprit d'un crétin ou d'un aliéné, et se convaincre expérimentalement que le principe pensant n'est pas fou. C'est le corps qui est malade et qui n'obéit plus aux volontés de l'âme, de là une situation douloureuse et terrible produisant une épreuve des plus redoutables[12] .
M. Alexandre Aksakof a consacré une partie de son livre : Animisme et Spiritisme à relater les cas, excessivement nombreux, d'incarnés se manifestant à des amis ou à des étrangers, par les procédés spiritiques. Résumons quelques-uns des exemples le plus caractéristiques de ces observations [13].
L'écrivain russe bien connu, M. Wsevolod Solowiof, raconte que, fréquemment, sa main était saisie par une influence étrangère à sa volonté, et il écrivait alors très rapidement, avec beaucoup de netteté, mais de droite à gauche, de sorte qu'on ne pouvait lire ce message qu'en tenant l'écrit devant une glace, ou par transparence.
Un jour sa main écrit le nom de Véra. À la demande : Quelle Véra ? Il obtint par écrit le nom de famille d'une jeune parente à lui. Étonné, il insista pour savoir si c'était véritablement sa parente qui se manifestait ainsi. L'intelligence répondit : « Oui, je dors, mais je suis ici, et je suis venue pour vous dire que nous nous verrons demain au Jardin d'Été. » Ce fut effectivement ce qui arriva, sans préméditation de la part de l'écrivain. La jeune fille de son côté, avait raconté dans sa famille qu'elle était allée en songe visiter son cousin, et qu'elle lui avait annoncé leur rencontre[14] .
Il existe donc une preuve matérielle : l'écrit de la visite périspritale de l'esprit de cette jeune fille qui par clairvoyance, annonce un évènement futur. Quelques jours après, un fait similaire se reproduisit, presque dans les conditions semblables, avec les mêmes personnages.
Voici un second exemple emprunté à l'article de Max Perty, intitulé : Nouvelles expériences dans le domaine des faits mystiques, qui est des plus démonstratifs.
Mlle Sophie Swoboda, après une fête de famille qui la fit veiller assez tard, pensa tout à coup que son devoir d'allemand n'était pas fait. Comme elle aimait beaucoup sa maîtresse et n'aurait pas voulu la contrarier, elle essaya de se mettre à l'ouvrage ; mais voilà que sans s'en rendre compte, sans même en éprouver aucun étonnement, Sophie croit se trouver en face de Mme W.., l'institutrice en question ; elle lui parle, lui fait part, d'un ton enjoué, de son dépit. Soudain la vision disparaît, et Sophie, l'esprit calme, rejoint la société et raconte aux convives ce qui lui est arrivé. L'institutrice, qui était spirite, avait pris le même jour, vers dix heures du soir, un crayon pour correspondre avec son mari défunt, et elle fut étonnée d'écrire des mots d'allemand, dans une écriture qu'elle reconnut être celle de Sophie. C'étaient des excuses faites en langage plaisant, sur l'oubli involontaire de sa tâche. Sophie put se convaincre le lendemain, que non seulement l'écriture du message était la sienne, mais que les expressions étaient celles qu'elle avait employées dans sa conversation fictive avec Mme W...
L'article de Perty relate encore un cas, particulièrement édifiant, à cause des circonstances qui l'ont entouré, dû à l'esprit de la même demoiselle Sophie. Voici le résumé des faits :
Le 21 mai 1866, jour de la Pentecôte, Sophie qui habitait Vienne, après une promenade au Prater, éprouva un violent mal de tête qui l'obligea à se coucher, vers trois heures de l'après-midi. Se sentant en bonnes dispositions pour se dédoubler, elle se transporta avec la rapidité de la pensée à Moedling, chez M. Stratil, le beau-père de son frère Antoine. Elle vit, dans le cabinet de M. Stratil, un jeune homme, M. Gustave B... qu'elle estimait beaucoup et auquel elle voulait donner une preuve de l'indépendance de l'âme vis-à-vis du corps. Elle s'adressa à ce monsieur sur un ton gai et enjoué lorsque, soudain, elle s'interrompit, rappelé à Vienne, par un cri partant de la chambre voisine de la sienne, où dormaient ses neveux et nièces. La conversation de Sophie avec M. B... avait présenté les caractères d'une conversation spirite donnée à un médium.
M. Stratil voulut s'assurer de la personnalité qui était ainsi venue se manifester. Il écrivit à sa fille, qui se trouvait à Vienne, dans la famille de Mlle Sophie, en lui posant ces questions : Comment Sophie a-t-elle passé la journée du 21 mai ? Qu'a-t-elle fait ? N'a-t-elle pas dormi ce jour-là entre trois et quatre heures ? Si oui, qu'a-t-elle vu en songe ?
Interrogée, Mlle Sophie parla bien d'un dédoublement pendant son sommeil, mais le brusque rappel de son esprit dans son corps lui avait fait oublier la plus grande partie de la conversation. Cependant, elle se souvint de s'être trouvée en conversation avec deux messieurs et d'avoir, un moment, éprouvé une sensation désagréable, provenant d'un dissentiment avec ses interlocuteurs. M. Stratil, en réponse à ces détails, envoya à Vienne, à son gendre, une lettre cachetée, avec prière de n'en pas parler à Sophie tant que celle-ci n'aurait pas reçu une lettre de M. B. Quelques jours se passèrent et le pli fut complètement oublié, au milieu des préoccupations journalières.
Le 30 mai, Sophie reçut par la poste une lettre coquette de M. B... renfermant sa photographie. La lettre disait :
« Madame,
Me voilà. Me reconnaissez-vous ? Dans ce cas, je vous prie de m'assigner une place modeste, soit sur le rebord du plafond, soit sur la voûte. Vous m'obligeriez beaucoup de ne pas me suspendre, si cela était possible ; il vaudrait mieux me reléguer dans un album ou dans votre missel, où je pourrais facilement passer pour un saint dont on fête l'anniversaire le 28 décembre (jour des Innocents). Mais si vous ne me reconnaissez pas, mon portrait ne saurait avoir de valeur pour vous et, dans ce cas, je vous serais fort obligé de me le renvoyer.
Agréez, etc.

Signé : N. N.»

Les termes et les tournures de phrases étaient familiers à Sophie ; il lui paraissait que c'étaient les siens, mais elle n'en avait qu'une vague souvenance. En ayant parlé à son frère Antoine, on ouvrit la lettre de M. Stratil. Elle contenait le procès-verbal d'une conversation psychographique avec un personnage invisible, à une séance où les questions étaient posées par M. Stratil lui-même, M. B.... servant de médium.
Il résulte de ce document que l'esprit de Sophie annonce que son corps est plongé dans le sommeil, qu'elle dicte la lettre que M. B... lui a envoyée, et qu'elle entend, comme dans un demi-songe, les enfants crier. Elle termine brusquement par ces mots : Adieu, je me rév... il est quatre heures.
À la lecture de ce procès-verbal, les souvenirs de Sophie devenaient de plus en plus précis, et elle s'écriait de temps en temps : « Oh ! Oui, c'est bien cela.» Vers la fin de la lecture, Sophie était maîtresse de sa mémoire et se souvenait de tous les détails qui lui avaient échappé à son réveil. Antoine avait remarqué que l'écriture en question ressemblait beaucoup à celle de Sophie dans ses devoirs de français. Quant à Sophie, elle ne pouvait qu'être du même avis.
Nous trouvons dans cette observation tous les caractères nécessaires pour établir l'identité de l'être qui se manifeste. Rien n'y manque. Cette lettre dictée par l'esprit de Sophie, en sortie périspritale, avec la demande de la photographie, réveille ses souvenirs et, jusqu'à l'écriture, tout confirme que c'est bien elle qui s'est manifestée. Il y a donc la ressemblance la plus étroite, la similitude la plus grande entre cette communication donnée par l'esprit d'une vivante, et celles que nous recevons journellement des Esprits qui ont jadis habité la terre.
Il faut lire, dans l'ouvrage du savant russe, les rapports de Mme Adelina von Vay, de M. Thomas Everitt, de Mme Florence Marryat, de miss Blackwell, du juge Edmonds, pour se convaincre que la communication des Esprits des vivants par l'écriture médianimique bien que moins fréquente - est aussi possible et aussi normale que celle des morts[15] . L'identité de ces êtres invisibles, mais appartenant encore à notre monde, s'établit de la même façon que celle des désincarnés.

ESPRITS DE VIVANTS SE MANIFESTANT PAR L'INCARNATION

Mme Hardinge Britten, l'écrivain spiritualiste bien connu, dans plusieurs articles publiés par le Banner of Light [16]« sur les doubles », rapporte un cas intéressant qui s'est présenté chez M. Cuttler, en 1853. Un médium féminin se mit à parler l'allemand, bien que cette langue lui fût tout à fait inconnue. « L'individualité qui se manifestait par elle se donnait pour la mère de miss Brant, une jeune personne allemande qui se trouvait présente. » Quelques temps après, un ami de la famille, venant d'Allemagne, apporta la nouvelle que la mère de miss Brant, après avoir traversé une maladie sérieuse, à la suite de laquelle elle était tombée dans son long sommeil léthargique, déclara à son réveil avoir vu sa fille, qui se trouvait en Amérique. Elle dit qu'elle l'avait aperçue dans une chambre spacieuse, en compagnie de plusieurs personnes, et qu'elle lui avait parlé. Là encore, la relation de cause à effet est tellement évidente que nous croyons devoir ne pas insister.
« M. Damiani [17] raconte, de son côté, qu'aux séances de la baronne Cerrapica, à Naples, on a souvent reçu des communications provenant de personnes vivantes. Il dit, entre autres : « Il y a de cela environ six semaines, le Dr Nehrer, notre ami commun, qui vit en Hongrie, son pays natal, se communiqua à moi par la bouche de notre médium la baronne. La personnification ne pouvait être plus complète : ses gestes, sa voix, sa prononciation, le médium nous les transmettait avec une fidélité absolue, et nous étions persuadés que nous nous trouvions en présence du Dr Nehrer lui-même. Il nous dit qu'en ce moment il faisait un somme, se reposant des fatigues de la journée, et nous fit part de divers détails d'ordre privé, et que tous les assistants ignoraient également. Le lendemain, j'écrivis au docteur... Dans sa réponse, il constata que les détails donnés par la baronne étaient exacts en tous points. »

AUTRES MATÉRIALISATIONS DE DOUBLES DE VIVANTS

Nous avons assisté à des manifestations diverses de l'âme dégagée temporairement de son corps matériel, mais c'est bien dans les matérialisations que l'action extra-corporelle de l'homme acquiert son plus haut point d'objectivité, car elle se traduit par des phénomènes intellectuels, physiques et plastiques.
Le spiritisme, seul, fournit la preuve absolue de ces phénomènes. Malgré toutes les controverses, il est bien établi maintenant, que les frères Davenport n'étaient pas de vulgaires charlatans. Seulement, ce qui a fait croire à des fourberies de leur part, c'est que les manifestations s'opéraient, le plus souvent, au moyen de leurs périsprits matérialisés [18]. Dans les expériences faites devant le professeur Mapes, celui-ci, ainsi que sa fille, purent constater le dédoublement des bras et des manches des médiums.
Les mêmes observations ont été faites en Angleterre avec d'autres sujets. M. Cox relate un cas où les plus rigoureuses conditions d'examen ont été réunies. Citons-le d'après M. Aksakof.
Il s'agit d'un médium à matérialisation dont la présence dans le cabinet d'expériences est assurée par un courant électrique qui traverse son corps. Si le médium cherchait à tromper en se détachant, la supercherie serait immédiatement indiquée par le déplacement instantané de l'aiguille d'un galvanomètre. C'est M. Cox qui parle [19] :
« Dans son excellente description de la séance dont il s'agit, M. Crookes dit qu'une forme humaine entière a été vue par moi ainsi que par d'autres personnes. C'est la vérité. Lorsqu'on me remettait mon livre, le rideau s'écartait suffisamment pour voir la personne qui me le tendait. C'était la forme de Mme Fay dans son intégralité : sa chevelure, sa figure, sa robe de soie bleue, ses bras nus jusqu'au coude et portant des bracelets ornés de perles fines. À ce moment, le courant galvanique n'enregistra pas la moindre interruption, ce qui se serait produit inévitablement si Mme Fay avait dégagé ses mains des fils conducteurs. Le fantôme apparut du côté du rideau opposé à celui où se trouvait Mme Fay, à une distance d'au moins huit pieds de sa chaise, de sorte qu'il lui eût été impossible, de toutes les manières, d'atteindre le livre sur le rayon, sans se dégager des fils conducteurs. Et, cependant, je le répète, le courant n'a pas subi la moindre interruption.
« Il y a un autre témoin qui a vu la robe bleue et les bracelets. Personne de nous n'a fait part aux autres de ce qu'il avait vu avant que la séance ne fût terminée ; par conséquent, nos impressions sont absolument personnelles et indépendantes de toute influence.»
Nous sommes en présence d'une expérience rigoureusement concluante, non seulement à cause de la grande compétence des observateurs, mais aussi parce que les précautions prises ont été strictement scientifiques. Il est clair que le déplacement du corps étant rendu impossible sans qu'on s'en aperçut immédiatement, par la variation du courant électrique, puisque l'apparence de Mme Fay s'est montré avec assez de tangibilité pour tenir un livre et le donner, il y a eu dédoublement, avec matérialisation certaine, de ce médium.
Nous avons vu que les annales Psychiques de septembre - octobre 1896 contiennent un récit où le double d'une dame a été observé pendant plus d'une heure dans une église, tenant aussi un livre de prières.
Dans les expériences faites en compagnie d'Eusapia Paladino, il a été possible, avec plusieurs observateurs, de constater matériellement son dédoublement. Le Dr Azévédo a publié, dans la Revue Spirite de 1889, le récit d'une expérience dans laquelle la main fluidique d'Eusapia avait produit, en pleine lumière, l'empreinte de trois doigts.
M. le colonel de Rochas, dans l’Extériorisation de la Motricité publie le fac-similé d'un moulage de la main naturelle du médium, à côté d'une photographie des traces laissées dans de la terre glaise ; il y a entre les deux empreintes les plus grandes analogies. Nous pourrions joindre bien d'autres documents à ceux rapportés ici, mais nous renvoyons le lecteur aux originaux. Nous en avons assez dit pour imposer cette conviction que l'action physique et psychique de l'homme n'est pas limitée à son organisme matériel.
Comment se produit cet étrange phénomène ? C'est ce que les récits antérieurs ne nous font pas connaître. Nous voyons bien l'âme en dehors des limites de l'organisme, mais nous n'assistons pas à sa sortie de l'enveloppe corporelle. Les recherches de M. de Rochas [20] sont venues jeter un jour nouveau sur ces dédoublements, nous allons donc les étudier de suite.

[1] Les Hallucinations télépathiques, p. 38.

[2] Light, 1883. p. 458. Cité par Aksakof.

[3] Spiritualist. 1875, 1, p. 97. Cité par Aksakof.

[4] Harrison, Spirits before our eyes (Les esprits devant nos yeux). p. 146.

[5] Voir Aksakof, Animisme et Spiritisme, p. 470 et suivantes.

[6] Aksakof, Animisme et Spiritisme, p. 78.

[7] Dr H. Baraduc, l'Âme humaine, ses mouvements, ses lumières.

[8] Voir : Revue scientifique et morale du Spiritisme, numéro d'octobre 1897, où cette photographie est reproduite

[9] Aksakof, Animisme et Spiritisme, pp. 164 et 165.

[10] Revue Spirite, 1860, p. 81 et suiv. Dans la même année, évocation de Mlle Indermulhe, p. 88.

[11] Rapprochons cette affirmation de l'observation du jeune graveur dont parle de Dr Gibier, et l'on constatera la véracité de notre doctrine par la similitude complète qui existe, à quarante années d'intervalle, entre les enseignements des esprits et ce que l'observation directe fait constater .

[12] Allan Kardec, Ciel et Enfer, et Revue Spirite, 1860, p. 173.

[13] Alexandre Aksakof, Animisme et Spiritisme, p. 470 et suivantes

[14] Allan Kardec, le Livre des Esprits. Voir pour l'explication de ces cas l'article: Visites spirites entres personnes vivantes.

[15] Voir Revue scientifique et morale du Spiritisme: Une communication donnée par l'esprit d'un vivant pendant son sommeil, numéro d'octobre 1898, p. 245.

[16] Banner of Light, numéros des 6 novembre et 11 décembre 1875.

[17] Human Nature, 1875, p. 555.Voir à ce sujet : les Frères Davenport, par Randolf, pp. 154-470 ; et Faits supraterrestres dans la vie du Révérend Fergusson, p. 109.

[18] Voir à ce sujet : les Frères Davenport, par Randolf, pp. 154-470 ; et Faits supraterrestres dans la vie du Révérend Fergusson, p. 109.

[19] Spiritualist, 1875, 4, p. 15.

[20] De Rochas, Extériorisation de la Motricité , p. 132.

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